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À LIRE: Interview de Thierry Dufresne, président fondateur de l'OFA, dans la revue nationale apicole, "Abeilles et Fleurs", n°829.

Sélection, élevage, testage


UTILITÉ DE LA SÉLECTION CHEZ L’ABEILLE 

Depuis que l’Homme élève des animaux, il a repéré que certains individus de son troupeau présentaient de meilleurs résultats que d’autres. C’est ainsi qu’est apparue la sélection animale présente dans toutes les filières d’élevage.

Les colonies d’abeilles n’échappent pas à ce constat, et pratiquer l’élevage implique d’agir sur la reproduction en tentant d’améliorer leur patrimoine héréditaire en procédant à une sélection naturelle.

L’abeille subit diverses agressions qui sont étudiées dans le laboratoire de l’OFA, incluant le parasitisme causé par le varroa destructor qui affaiblit fortement la vitalité des colonies.

Nous avons aujourd'hui conscience que l’abeille a été malmenée par l’Homme et que, cependant, pour répondre aux désastres qu’il a provoqués, l’Homme se doit d’intervenir, tout en garantissant que son niveau d’intervention soit scrupuleusement étudié, réfléchi et contrôlé.

POURQUOI LA SÉLECTION ? 

Les apiculteurs ont le désir d’améliorer l’aptitude de leur cheptel par le biais de qualités nécessaires au bon développement de leurs colonies et être en mesure de faire face ainsi à la dégénérescence du cheptel. Cette sélection favorise la résistance des colonies aux agressions extérieures et permet de diminuer l’importance du taux de mortalité actuellement constaté. La sélection est donc un moyen de garantir un développement sain des abeilles et par la même la survie des colonies. 

L’évaluation et la transmission de certains de ces critères sont à la base d’une bonne sélection :

- la fécondité de la reine

- la qualité du couvain 

- l’ardeur à butiner

- la résistance aux maladies

- le comportement de défense à varroa

- le non essaimage


La sélection repose sur des choix drastiques en sélectionnant la reine et le faux-bourdon afin qu’ils transmettent leurs caractères à leur descendance. 

DEUX POSSIBILITÉS S’OFFRENT 

-  Soit la mise en place de stations de fécondations protégées de toute pollution génétique, permettant la transmission de manière naturelle mais contrôlée, pratiquée par l’OFA dans sa station de fécondation de la Sainte-Baume.

-  Soit l’insémination instrumentale effectuée par des spécialistes, pratiquée par l’OFA au sein de son laboratoire de la Sainte-Baume.


FÉCONDITÉ DE LA REINE

Si les abeilles se partagent différentes tâches au sein de la ruche, celle dévolue à la reine consiste uniquement à pondre des œufs. Les œufs fécondés vont être la descendance qui pérennisera et dynamisera la colonie. D’où l’importance que la reine soit porteuse de bons caractères génétiques et d’une santé saine. Ainsi plus la reine va pondre, plus il y aura d’abeilles régénérées, donc moins de mortalité.


LA QUALITÉ DU COUVAIN

Dans une ruche, le couvain désigne  l'ensemble des nymphes, des larves et des œufs protégés par les ouvrières. Un couvain de qualité est un couvain bien compact, sans trou, avec des alvéoles operculées bien bombées. Un couvain mosaïque (avec des trous) peut indiquer, une reine de "non-valeur" ou une vieille reine, une infestation varroa, des maladies, ou une intoxication. Un couvain de qualité indique donc la présence d’un caractère hygiénique fort.


L’ARDEUR À BUTINER

Il est facile d’observer que des colonies sur un même rucher sont plus actives que d’autres. Certaines sortent très tôt le matin, quand il pleut ou quand il vente. Ces colonies multiplient le nombre de sorties, et témoignent ainsi de la vitalité des abeilles.


RÉSISTANCE AUX MALADIES

Les abeilles n'échappant pas aux maladies, l'apiculteur se doit d’être très vigilant et de posséder les techniques sanitaires. Des tests sont proposés afin d’examiner, si oui ou non la colonie exprime un caractère de nettoyage. Cette faculté "hygiénique", pouvant déjà être constatée dans la qualité du couvain, réduit la sensibilité d’une colonie exposée à une contamination. 


COMPORTEMENT DE RÉSISTANCE À VARROA

Le varroa est arrivé en France dans les années 80. Ce parasite affaiblit les colonies puisqu'il se nourrit de l'hémolymphe des abeilles et de ce fait, peut également transmettre différents virus. Il est démontré que des abeilles ont la capacité de détecter une nymphe operculée affectée. Elles procèdent alors à un nettoyage des cellules infestées par le varroa en évacuant la nymphe. Ce comportement est appelé "Varroa Sensitive Hygiene".


LE NON ESSAIMAGE

L’instinct d’essaimage chez l’abeille est naturel. Néanmoins l’objectif est de sélectionner des colonies dans lesquelles la fièvre d’essaimage apparaît peu. Une colonie qui n’essaime pas dans l’année, sera moins affaiblie par la perte d’une partie de sa colonie et aura, évidemment à sa disposition, plus d’abeilles pour faire plus de couvains et plus de miel. Les colonies qui essaiment sont à exclure de tout élevage.

La sélection et l’élevage représentent un des principaux programmes conduits par l’OFA. Ses équipes d’apiculteursapidologues étudient quotidiennement le comportement de ses 2.000 colonies (environ 100 millions d’abeilles) afin de repérer et d’étudier celles qui vont bien et pourquoi elles vont bien, et celles qui vont mal et pourquoi elles vont mal.

Il est indispensable de consacrer beaucoup de temps à repérer les comportements naturels des abeilles, afin d’être en mesure de reproduire des colonies disposant de caractères propres à renforcer le cheptel apicole. Les équipes de l’OFA, continuent par la suite d’étudier les "performances" de ces nouvelles colonies au sein de ses 33 ruchers de testage, répartis sur une grande partie du terroir français, situé du Sud de la France jusqu’en Bourgogne. Depuis 2016, les colonies d’abeilles gérées par l’OFA connaissent un taux de mortalité d’environ 3%, comparé au taux moyen de 30%, généralement constaté.

À partir de 2020, l’OFA rendra les résultats de son travail de sélection et d’élevage accessibles aux apiculteurs. Les exploitations apicoles « labélisées OFA », créées par les apiculteurs-apidologues formés par l’OFA, commenceront à distribuer des reines et des essaims sélectionnés, permettant ainsi de participer à la régénération et au repeuplement indispensables du cheptel apicole.