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À LIRE: Interview de Thierry Dufresne, président fondateur de l'OFA, dans la revue nationale apicole, "Abeilles et Fleurs", n°829.

L'importance des abeilles pour la pollinisation


Le bien-être humain dépend d’une multitude de services écosystémiques, fournis par la nature, sans lesquels la vie sur Terre ne serait pas envisageable. Ces services, tels que la pollinisation, œuvrent, en toute discrétion, dans notre intérêt. Au sein de notre société où la technologie est reine, ils sont souvent considérés comme allant de soi. C’est ainsi que nous avons parfois tendance à les oublier. Et pourtant, parmi eux, cette pollinisation dite "entomophile" constitue un service écosystémique clé que nous fournissent les abeilles et d’autres pollinisateurs. Sans cette fonction essentielle qui consiste à transporter le pollen d’une fleur à l’autre, la vie humaine ne pourrait pas exister sur Terre, faute de ressources alimentaires. 

Les insectes pollinisateurs, dont principalement les abeilles, pollinisent environ un tiers des cultures destinées à notre alimentation (Kremen et al, 2007). Sans leurs actions, 75% de nos productions agricoles subiraient une baisse de rendement et les cultures qui composent notre  alimentation – les fruits, les légumes mais aussi les plantes fourragères utilisées pour la production de viande et de produits laitiers – seraient particulièrement impactées par une diminution du nombre d’insectes pollinisateurs. 

Les abeilles représentent à elles seules 80% de la pollinisation nécessaire au maintien et au développement de la production agricole. Or depuis de nombreuses années, les pertes de colonies d’abeilles domestiques répertoriées sont alarmantes. Leur taux de mortalité constaté se situant autour de 30% en moyenne, allant de 2% à 55% selon les pays (Williams et al, 2010). 

La variabilité des données obtenues lors des tentatives de recensement des espèces animales est parfois si élevée qu’il est possible que les "populations soient déjà réduites de moitié lorsque l’on obtiendra enfin la preuve de leur déclin" (Lebuhn et al, 2013). 

La valeur économique de la pollinisation est très importante. Les premières estimations mondiales chiffraient la valeur économique de la pollinisation en tant que service écosystémique à 117 milliards de dollars (88 milliards d’euros) (Costanza et al, 1997). Plus récemment des chercheurs ont revu cette estimation au moyen d’une méthodologie plus éprouvée, avançant un total de 153 milliards de dollars (115 milliards d’euros) (Gallai et al, 2009). Enfin, la dernière étude en date, qui prend en compte l’augmentation de la part des cultures dépendantes de la pollinisation dans l’approvisionnement alimentaire mondial, évalue la pollinisation à 265 milliards d’euros (Lautenbach et al, 2012). 

Cette tendance à la hausse souligne la dépendance accrue de notre système alimentaire mondial envers les pollinisateurs, ainsi que l’existence d’incertitudes considérables liées à ce type d’évaluation économique de la nature et des systèmes naturels. 

S’il est difficile d’évaluer avec précision la valeur de la pollinisation animale, c’est parce qu’elle apporte bien d’autres avantages que la simple pollinisation des cultures et des plantes sauvages. 

En favorisant la production de fruits chez les plantes sauvages, la pollinisation contribue également à accroître la quantité de nourriture disponible pour de nombreux insectes, oiseaux, mammifères et poissons, et participe ainsi directement à la conservation de la biodiversité.

En aidant en outre à maintenir la productivité des plantes et le couvert végétal, elle soutient une multitude de services écosystémiques tels que la protection contre les inondations, la prévention de l’érosion, le contrôle des systèmes climatiques, la purification de l’eau, la fixation de l’azote et la séquestration du carbone (Kremen et al, 2007).